Le retour au pays: un autre exil | Returning Home: Another Exile

Le retour au pays : un autre exil

On imagine souvent que rentrer « chez soi » après une expérience à l’étranger sera naturel, simple, rassurant. Pourtant, beaucoup de personnes découvrent que le retour est un autre voyage, parfois plus déstabilisant encore que le départ. Revenir au pays, c’est retrouver un paysage familier, mais avec le sentiment d’être devenu étranger à ce qui autrefois semblait évident.

Là où l’on s’attendait à retrouver son identité, on découvre parfois une forme de décalage. Les proches sont restés les mêmes, mais nous, nous avons changé. Les habitudes qui nous paraissaient naturelles peuvent sembler étriquées. Les conversations, les codes sociaux, les rythmes : tout paraît différent, comme si deux mondes coexistaient en nous sans toujours se rejoindre.

La société valorise souvent le retour comme un « happy end ». Mais en réalité, il peut s’accompagner de solitude, d’un sentiment d’incompréhension ou même d’une nostalgie paradoxale… celle du pays d’accueil, qui faisait pourtant parfois souffrir. C’est une forme de double exil : plus vraiment d’ici, plus tout à fait de là-bas.

La Gestalt-thérapie nous invite à accueillir cette ambivalence. Plutôt que de chercher à redevenir celui ou celle que l’on était avant, le retour peut être l’occasion de reconnaître combien l’expérience nous a transformés. Ce n’est pas un échec si l’on se sent étranger chez soi : c’est la preuve que l’on a grandi, que l’on a intégré d’autres dimensions de soi.

Rentrer au pays devient alors un travail de réconciliation intérieure. Il s’agit de tisser les fils de nos expériences multiples, d’honorer ce que nous avons appris ailleurs et de l’intégrer dans notre vie présente. Devenir une personne « élargie », qui n’a pas à choisir entre ses mondes, mais qui apprend à marcher avec eux.


Exercice : créer un carnet du retour

Notez chaque semaine trois choses que vous retrouvez avec plaisir dans votre pays d’origine, et trois choses qui vous manquent de votre pays d’accueil. Observez comment ces deux listes évoluent au fil du temps. Elles vous aideront à construire un pont entre vos deux mondes, plutôt que de les opposer.


🇬🇧 English version

Returning Home: Another Exile

We often imagine that returning “home” after a time abroad will be natural, simple, and reassuring. Yet many people discover that coming back is another journey, sometimes even more unsettling than leaving. Returning to your country means encountering a familiar landscape, but with the feeling of being a stranger to what once seemed obvious.

Where we expected to find our old identity, we may instead experience a sense of disconnect. Loved ones remain the same, but we have changed. Habits that once felt natural may now seem confining. Conversations, social codes, daily rhythms—everything feels different, as if two worlds coexist within us without always aligning.

Society often presents returning home as a “happy ending”. In reality, it can come with loneliness, feelings of misunderstanding, or even a paradoxical nostalgia for the host country that sometimes caused pain. It is a form of double exile: no longer entirely from here, not quite from there.

Rather than trying to become the person we were before, the return can be an opportunity to acknowledge how much the experience has transformed us. Feeling like a stranger at home is not a failure; it is proof that we have grown and integrated new dimensions of ourselves.

Returning home thus becomes a process of inner reconciliation. It involves weaving together the threads of our multiple experiences, honouring what we have learned elsewhere, and integrating it into our present life. We can become an “expanded” person who does not need to choose between worlds, but learns to walk with them.


Exercise: Create a Return Journal
Each week, note three things you enjoy rediscovering in your home country and three things you miss from your host country. Observe how these lists evolve over time. They will help you build a bridge between your two worlds rather than seeing them as opposed.


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