🇫🇷Et si nous apprenions à apprivoiser l’inconfort? | 🇬🇧What if we learned to befriend discomfort?
Oser prendre des risques : sortir de sa zone de confort
Pratique : Un petit acte courageux chaque jour
Sortir de sa zone de confort, c’est un apprentissage du vivant. Ce n’est pas une quête héroïque, ni une recherche de performance. C’est une manière d’habiter sa vie plus pleinement, de dire oui à l’expérience, même quand elle déstabilise un peu.
En Gestalt, on parle souvent de zone de contact. Le contact vrai, celui qui relie à soi, aux autres, au monde, demande une forme de risque. Le risque d’être vu, entendu, touché. Le risque d’oser être soi.
Rester dans sa zone de confort, c’est maintenir le connu. C’est rassurant, mais parfois étouffant. Le confort devient une coquille. On s’y sent protégé, mais on y rétrécit, on y meurt à petit feu. Oser prendre des risques, c’est choisir d’élargir cette coquille, un peu chaque jour, sans nécessairement tout casser, tout bouleverser.
La peur du risque est souvent liée à la peur du jugement, de l’échec, de la perte de contrôle. Nous avons appris à privilégier la sécurité, la maîtrise, la conformité. Mais la vie ne se déploie pas dans la maîtrise, elle se déploie dans le mouvement.
Éviter le risque est un choix mortifère. Quand nous évitons le risque, nous évitons aussi la possibilité de surprise, de nouveauté, d’apprentissage. Nous figeons le vivant. Dans la perspective gestaltiste, le changement ne se provoque pas par la force, mais par la conscience. Quand vous vous autorisez à sentir ce qui se passe en vous - la peur, la curiosité, l’envie, la résistance - vous commencez déjà à bouger.
Le risque n’est pas forcément spectaculaire. Il peut être discret, presque imperceptible. Dire non quand on a toujours dit oui. Sourire à un inconnu. Poser une question que l’on n’ose jamais poser. Regarder quelqu’un dans les yeux un peu plus longtemps. Ce sont des micro-expériences, mais elles rétablissent le mouvement du vivant.
J’aime expérimenter cette pratique moi-même. Chaque jour, j’essaie de faire quelque chose de nouveau, même minuscule. Emprunter un autre chemin pour rentrer à la maison. Entrer dans une librairie au hasard. Fredonner sous la douche. Parler à quelqu’un que je ne connais pas.
Ces gestes n’ont rien d’extraordinaire, mais ils entretiennent la souplesse intérieure. Ils créent de nouvelles connexions neuronales et rebranchent notre cerveau autrement. Ils rappellent que la nouveauté ne se trouve pas seulement dans les grandes décisions, mais dans la manière d’aborder le quotidien. Cette curiosité du vivant est une forme de courage tranquille.
Beaucoup croient que le courage consiste à ne pas avoir peur. En réalité, le courage commence au moment où l’on accepte de sentir la peur, sans s’y soumettre. Quand vous ressentez ce léger inconfort, ce battement dans le ventre ou dans la poitrine, c’est souvent le signe que quelque chose en vous se réveille. Vous touchez une frontière, un bord. En Gestalt, la frontière est riche et féconde, c’est un lieu d’éveil. C’est là que quelque chose peut naître.
Le travail n’est donc pas d’éliminer la peur, mais de l’accueillir comme une compagne de route. Elle indique les endroits où la vie demande à circuler à nouveau.
Dans la pratique thérapeutique, nous rencontrons souvent des personnes épuisées d’avoir voulu éviter le risque. Elles ont cherché à bien faire, à rester prudentes, à cocher les cases, à ne pas déranger. Et à force de se conformer aux attentes des autres, elles se sont coupées de leur vitalité. Quand elles recommencent à oser - un mot, un geste, une initiative - quelque chose s’ouvre, se réveille. Le visage s’éclaire, la respiration s’apaise, l’énergie revient. C’est toujours émouvant de voir à quel point un petit acte peut réveiller le vivant en soi.
Sortir de sa zone de confort ne signifie pas se mettre en danger. C’est plutôt une exploration douce de ses limites pour les repousser avec tendresse et fermeté. Il ne s’agit pas de se jeter dans le vide, mais d’avancer à son rythme, pas après pas, en restant à l’écoute de soi.
Certains jours, le risque sera de parler, d’oser dire. D’autres, de se taire. Parfois, ce sera de demander de l’aide. Parfois, d’en offrir. Ce qui compte, c’est l’élan. C’est ce mouvement intérieur qui dit : « Je m’autorise. »
Si la peur revient, accueillez-la comme un signal d’attention, pas comme un obstacle.
Demandez-vous : qu’est-ce que j’ai envie d’explorer ici ? Qu’est-ce que je veux nourrir dans ma vie ? La curiosité est souvent plus féconde que le courage. Elle ouvre sans forcer.
Et souvenez-vous : l’épanouissement n’est pas un projet à accomplir, c’est une expérience à vivre, à savourer.
Petit exercice pratique : un acte courageux par jour
Ce soir, installez-vous calmement avec un stylo, un carnet.
Fermez les yeux.
Repensez à votre journée.
Y a-t-il un moment où vous avez ressenti une légère peur, une hésitation, une envie réprimée ?
Notez cette situation. Puis demandez-vous : quel petit geste pourrais-je poser demain pour aller dans ce sens ?
Ça pourrait être tester une activité nouvelle, dire votre ressenti, téléphoner à quelqu’un auquel vous pensez avec joie, changer une habitude.
Choisissez un geste simple, concret, réalisable aujourd’hui.
Et faites-le.
Observez ensuite ce que cela provoque en vous.
Peut-être une fierté discrète, un apaisement, un regain d’énergie.
Puis recommencez le lendemain.
Un petit acte courageux chaque jour.
Avec le temps, vous verrez que votre zone de confort s’élargit naturellement.
La vie reprend sa couleur, ses couleurs infinies.
Et vous retrouvez cette joie tranquille d’être pleinement en mouvement, curieus.e, ouvert.e au monde.
Pleinement vivant.e.
🇬🇧 English version
Dare to Take Risks: Stepping Out of Your Comfort Zone
Practice: One Small Courageous Act Each Day
Stepping out of your comfort zone is a way of learning to be fully alive. It’s not a heroic quest or a search for performance. It’s a way of inhabiting your life more deeply, of saying yes to experience, even when it shakes you a little.
In Gestalt therapy, we often speak of the contact boundary. True contact - the kind that connects you to yourself, to others, to the world - always involves a certain risk. The risk of being seen, heard, touched. The risk of daring to be yourself.
Staying in your comfort zone means holding on to what’s known. It’s reassuring, but sometimes suffocating. Comfort can become a shell. You feel protected there, but you shrink inside it - you slowly wither. Daring to take risks is choosing to widen that shell, little by little, without necessarily breaking or overturning everything.
The fear of risk is often tied to the fear of judgment, failure, or losing control. We’ve been taught to value safety, mastery, and conformity. Yet life doesn’t unfold through control - it unfolds through movement.
Avoiding risk is a form of self-deprivation. When we avoid risk, we also avoid the possibility of surprise, of discovery, of learning. We freeze what is alive. From a Gestalt perspective, change doesn’t come from force, but from awareness. When you allow yourself to feel what’s happening inside you - fear, curiosity, desire, resistance - you’ve already begun to move.
Risk isn’t necessarily spectacular. It can be subtle, almost invisible. Saying no when you’ve always said yes. Smiling at a stranger. Asking a question you’ve never dared to ask. Holding someone’s gaze a little longer. These micro-experiences restore the natural movement of life.
I like to practice this myself. Every day, I try to do something new, even something tiny. Taking a different route home. Wandering into a bookstore at random. Humming in the shower. Speaking to someone I don’t know.
These gestures are nothing extraordinary, yet they keep the inner body flexible. They create new neural connections, rewiring the brain in small but powerful ways. They remind us that novelty doesn’t only live in big decisions but in the way we approach ordinary moments. This quiet curiosity toward life is a gentle form of courage.
Many people think courage means not being afraid. In truth, courage begins when you allow yourself to feel fear without letting it rule you. That slight discomfort, that flutter in your stomach or chest, is often a sign that something inside you is waking up.
You’re touching a boundary, an edge. In Gestalt, the edge is fertile - it’s a place of awakening. That’s where something new can emerge. The work, then, isn’t to eliminate fear, but to welcome it as a companion. It shows you where life is asking to flow again.
In therapy, we often meet people exhausted from trying to avoid risk. They’ve spent years doing the right thing, staying careful, ticking all the boxes, not making waves. And in doing so, they’ve slowly disconnected from their vitality. When they begin to dare again - even with a single word, a gesture, a small initiative - something opens, stirs. Their face lights up, their breath softens, their energy returns. It’s moving to witness how one small act can bring the living back to life.
Stepping out of your comfort zone doesn’t mean putting yourself in danger. It’s a gentle exploration of your limits, expanding them with both tenderness and firmness. It’s not about jumping off a cliff - it’s about moving forward at your own pace, step by step, while staying connected to yourself.
Some days, the risk will be to speak up, to express yourself. Other days, it will be to stay silent. Sometimes it’s asking for help. Sometimes it’s offering it. What matters is the impulse - the inner movement that says, “I allow myself.”
When fear returns, welcome it as a signal for awareness, not as an obstacle. Ask yourself: What do I want to explore here? What do I wish to nourish in my life? Curiosity is often more fruitful than courage - it opens without forcing.
And remember: fulfillment is not a project to complete. It’s an experience to live and to cherish.
A Small Daily Practice: One Act of Courage
This evening, sit quietly with a notebook and a pen.
Close your eyes.
Think back over your day.
Was there a moment when you felt a flicker of fear, hesitation, or a repressed desire?
Write it down.
Then ask yourself:
What small gesture could I take tomorrow to move in that direction?
It could be trying a new activity, expressing your feelings, singing in the shower, calling someone who brings you joy, or changing a habit.
Choose something simple, concrete, doable today.
And do it.
Then notice what it stirs in you.
Maybe quiet pride.
Maybe calm.
Maybe fresh energy.
Then do it again the next day.
One small act of courage, each day.
Over time, your comfort zone naturally expands.
Life regains its color — its infinite shades.
And you rediscover that quiet joy of being fully in motion.
Curious.
Open to the world.
Fully alive.